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JEAN COCTEAU et le théâtre  

- L'Aigle à deux têtes 

aigle2.jpg (3490 octets)  

Acte II, scène 9- Le sommet: après, "tout ce qui retombe est affreux"   (folio page 124) 

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Ce que nous ne verrons jamais, le sommet de l'oeuvre dans l'Acte II scène 9:
L'événement qui, parce qu'il a disparu, nous faits pauvres: éclairés et purifiés, la Reine et Stanislas sont délivrés de l'orgueil et accèdent à la vérité par la parole, dans l'aveu de l'amour. 

Stanislas (Jean Marais),
il ferme les yeux.
Mon Dieu... Faites que, je comprenne. Nous sommes sur une épave en pleine mer...  Nous sommes dans un inconfort si effroyable que l'inconfort des malades qui agonisent, des pauvres qui crèvent de détresse, des prisonniers couverts de vermines, des explorateurs qui se perdent dans les glaces du pôle est un confort à côté de lui... Eclairez moi, mon Dieu

La Reine (Edwige Feuillère), bas
Mon Dieu, arrachez nous de cette glu informe. Otez-moi les appuis qui m'obligent à marcher en ligne droite. Foudroyez les protocoles et surtout celui de la prudence que je prenais pour de la pudeur. Donnez-moi la force de m'avouer mes mensonges. Terrassez les monstres de l'orgueil et de l'habitude... Délivrez-nous.

"L'oiseau qui repose sur la glu, s'engage en une double peine: l'une de se détacher, et l'autre de se nettoyer" Jean de la Croix. Oeuvres p.978

" Toute la seigneurie... du monde... n'est qu'une extrême servitude" p.89

Un silence

La Reine abaisse son voile, avec une maladresse naïve
Stanislas, je vous aime. Stanislas, je vous aime. Stanislas, je vous aime.

"Et tant, tant je m'abaissai
Que si haut, si haut j'allai
Que j'atteignis ce que je chassais."
Jean de la Croix. Oeuvres p.922, 923

Stanislas, même jeu
" Je vous aime."

Ne peut aimer que celui qui renonce à ce qui n'est pas lui: il y a un rythme de la clairvoyance à l'amour. Pour la Reine et pour Stanislas l'humilité est le tremplin sur lequel leur âme bondit pour rejoindre l'âme aimée et accéder à l'amour dans l'égalité révélée par l'humilité:
En effet l'humilité détache la Reine de ce qui n'est pas elle, de ce qui la distingue faussement et la sépare de Stanislas: les protocoles, les confusions, les illusions, l'orgueil et par dessus tout le silence, le refus de la parole libératrice.
Enfin détachés de l'orgueil qui sépare irrémédiablement, la Reine et Stanislas se rejoignent dans la nudité de la vie qui leur permet de s'aimer; Ils ont perdu la glu et ont gagné de pouvoir aimer, de vouloir le bien, la vie à quoi il ne manque rien.

Magnifique intuition:
L'ami de Jacques Maritain, Jean Cocteau rejoint dans cet extrait les mystiques du siècle d'Or espagnol, en particulier Jean de la Croix l'enfant de Fontiveros: dans la prière l'âme est éclairée et purifiée de l'orgueil, "cette mauvaise fée" (folio p.89), comme la bûche que le feu noircit avant qu'elle ne s'enflamme, d'une vive flamme d'amour.

Page de Joseph Llapasset

Quelques photos offertes à l'admiration de tous d'une exposition: "Jean Cocteau et le théâtre"

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