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CLASSES PREPAS
 
L'amitié  par J. Llapasset

Les faux-monnayeurs de André Gide (1925)

Etude de texte - Le chartreux et le soldat (page 265)

(coll. folio n°979, Gallimard, pages 264 à 266)

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-"Bernard devint brusquement très grave ... Je n'ai plus de désirs du tout ... Je crois que je ne puis plus être sensible, jamais plus, à une autre forme de beauté que la sienne ... Mais c'est de la vénération que j'ai pour elle ... Olivier le contemplait dans une sorte d'extase."

  • L'amour que Bernard porte à Laura lui apporte une telle plénitude qu'il n'éprouve plus de désirs de la chair: c'est un amour spirituel (celui que Gide portait à Madeleine Rondeaux son épouse) qui est alors exprimé.

  • La sublimation est le passage brusque de l'état solide à l'état gazeux en sautant l'état liquide intermédiaire. Ainsi l'amour ne cherche plus la rencontre charnelle comme si l'âme et le corps se dissociaient au risque de chercher ailleurs que dans la femme les fêtes de la chair, au risque de "faire éclater la machine" dans le suicide. Le terme extase confirme bien qu'il s'agit d'un amour mystique, d'une flamme qui se communique à Olivier: dans l'amour mystique la contemplation est source d'action ("Chartreux" puis "soldats"); un feu qui brûle ne peut que produire une force, un feu qui brûle ne peut ne pas réchauffer: Olivier "le contemplait": il l'admire mais il ne le comprend pas car il n'éprouve pas le même amour. En fait Bernard n'éprouve pas un amour, il est devenu amour.

  • L'amitié n'est donc pas l'amour. Au cours de la relation amicale demeure l'altérité au point que la caractéristique de l'amitié est le respect d'une altérité incontournable: au cœur de l'amour il y a au contraire fusion au risque d'une confusion. Gide est condamné à inventer l'amour pour la femme à partir d'une inexpérience.

  • Voilà pourquoi les deux amis se quittent sur une double incompréhension: d'une part ils ont une conception différente du suicide, d'autre part la détresse d'Olivier n'apparaît pas à Bernard.

  • C'est comme si André Gide était déchiré entre ces deux personnages qui n'arrivent pas à se comprendre:
    -Bernard, c'est la pureté, c'est l'élévation, c'est l'amour pour Madeleine à qui il écrivait tous les jours.
    -Olivier, c'est le désir, c'est le trouble des sens qui le pousse à partir en 1918 avec Marc.
    Le drame c'est la cohabitation dans l'auteur de deux aspirations qui ne se comprennent pas et donc qui se jugent durement.

  • Effectivement l'amitié n'a pas de si grandes marges: si Bernard aime Laura d'un amour mystique, Laura a de l'amitié pour Bernard.
    "Je ne puis accepter de vous (dit Laura à Bernard) que cette ... dévotion, que vous m'offrez. Le reste aura ses exigences, qui devront bien se satisfaire ailleurs ..." (p. 199)

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