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amitié
CLASSES PREPAS
L'amitié
par J. Llapasset
Les
faux-monnayeurs de André Gide (1925)
Etude
de texte - L'amitié n'a pas de si grandes
marges
pages:
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- 5 - 6
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8 - 9
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Etude
de texte - L'amitié n'a pas de si grandes
marges (page 264)
(coll.
folio n°979, Gallimard, pages 264 à 266-
de
:"Tu veux parler de l'aura, dit Olivier tristement.
à
"Sur quoi les deux amis se quittèrent".)
-"Tu
veux parler de Laura, dit Olivier. Tu l'aimes toujours
autant?
-Non, dit Bernard; mais toujours plus. Je sais que
c'est le propre de l'amour, de ne pouvoir demeurer le
même; d'être forcé de croître, sous peine de
diminuer; et que c'est là ce qui le distingue de
l'amitié.
-Elle aussi, pourtant peut s'affaiblir, dit Olivier
tristement.
-Je crois que l'amitié n'a pas de si grandes marges.
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-Je voudrais savoir si tu éprouves pour Laura du désir."
pages 264-265
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-
L'amour
est une modalité de l'existence; comme elle il peut
s'intensifier, croître ou diminuer au point d'être
exsangue comme l'existence des partenaires de "En
attendant Godot".
"Toujours plus" ne signifie pas qui
grandit comme une chose qui occuperait un espace de plus en
plus grand, mais qui change, qui dure, comme une action
poussant sans cesse et s'enrichissant de la continuité du
passé sans pour cela exclure la création, le changement,
la discontinuité. Comme
sentiment l'amour est relation à un objet: il peut prendre
la forme d'une admiration devant la beauté, puis devenir
autre, une vénération (page 265).
-
Il
ne faut donc pas confondre un tel amour avec le désir qu'il
exclut. Un tel amour est contentement par lui même, il se
suffit à lui même dans la contemplation de son objet.
"Toute pensée charnelle me semble impie"
dit Bernard un peu plus loin (p.265). Il grandit ou diminue:
il grandit comme l'amour précieux car il ne peut se lasser
de ce qui lui est toujours proposé comme une valeur par un
être de fuite. Ce que Bernard aime c'est la beauté, le
reflet de l'infini et son amour est mouvement vers l'infini
qui l'habite. La caractéristique d'un tel amour c'est la
chasteté: un tel amour, unique, mourrait d'une multiplicité
d'objet entre lesquels il ne saurait choisir et dont il
finirait par se détourner. Il a donc des marges aussi
grandes que les marges de l'infini du plus et du moins.
-
Dire
que l'amitié "n'a pas de si grandes marges"
c'est la caractériser comme stabilité, comme permanence.
c'est que l'amitié est respect de l'altérité au cœur de
la relation: elle est crainte chez Olivier car il a peur de
perdre et de se perdre. D'évidence Olivier et Bernard ne se
comprennent pas au point que Bernard aura l'impression
"de parler dans le vide" (p. 266)
De quoi Olivier a-t-il peur?
Consciemment de fâcher Bernard, mais inconsciemment d'être
fâché de la réponse de Bernard? La question du désir
avec son cortège de jalousie le hante.
-
"Je
me fâcherai bien davantage": Bernard donne une
caractéristique de l'amitié: toujours prête à répondre,
à aider; elle se fâche du silence: l'amitié se veut
communication dans la vérité, dans la liberté, dans la
sincérité quelle que soit l'altérité qui se révèle.
Mais ce n'est qu'une exigence. Dans la réalité "Olivier
n'avait rien dit à Bernard de tout ce qu'il s'était promis
de lui dire." (p. 266)
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