On
vous demande d'interroger une sorte d'opinion, une affirmation
qui s'affirme elle même comme dans un proverbe: de ne pas céder
au conditionnement culturel qui nous a conduit à accepter sans
réflexion un certain nombre de propositions
comme par exemple; la liberté s'arrête là où commence celle
des autres...
Pour ce genre de sujet, comme l'opinion a toujours une part de vérité,
vous devez commencer par vous demander dans quelles limites il
est possible d'admettre la pertinence de l'affirmation, les
bons comptes font les bons amis et dans la suite de votre développement,
quelle est la part d'erreur de l'affirmation.
Le compte c'est le résultat d'un calcul, l'action d'évaluer
une quantité, de la comparer à une autre quantité et par conséquent,
il aboutit à un état des recettes et des dépenses. Par
extension, il met en évidence les dettes et les créances. Il
intervient dans l'échange où mesurer et calculer permet d'établir
une équivalence pour que l'échange soit profitable à ceux qui
échangent.
Bons, signifie ici satisfaisant parce que bien ajusté,
bien calculé, qui a les qualités qu'on en attend: qualifie un
échange juste dans lequel chacun reçoit au moins autant que ce
qu'il a livré.
faire vous oriente vers la problématique car il
signifie fabriquer, être à l'origine de et donc être une
sorte de cause sans laquelle l'objet produit disparaîtrait.
amis : deux individus qui éprouvent un sentiment réciproque
d'affection ou de sympathie.
bons : qui ont les qualités requises par le terme
amitié.
Sur qui on peut... compter!
Étonnez-vous. N'est-on pas en train de réduire l'amitié à un
échange, un calcul d'intérêt?
=>
Amorce de la recherche d'une problématique.
Comment un échange d'objet par l'intermédiaire de l'argent
pourrait-il produire ou agir sur la qualité d'un sentiment? En
effet, les objets échangés sont de l'ordre du monde extérieur,
de l'objectivité, de ce dont on peut se séparer, alors que le
sentiment est de l'ordre de la subjectivité , de la vie, de ce
qui s'éprouve soi même?
Ce proverbe n'est-il pas une tentative de l'opinion qui
transforme ses besoins en connaissance pour introduire l'intérêt
dans une relation de l'ordre du sentiment, du don, du partage?
=>
Mesurer l'enjeu: il s'agit d'une relation proprement humaine:
peut-on déduire l'amitié et aussi la fraternité de l'échange
accompli? Peut-on identifier le respect et l'amour?
Quel est le rôle de l'intérêt dans l'amitié?
=> Autre piste possible parmi de nombreuses: l'amitié
peut-elle s'acheter par de "bons comptes"?
S'il y a échange dans l'amitié, qu'est-ce qui est échangé?
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Amitié
unifiante :
voici
l'explication de cette expression donnée par Saint Thomas.
Pour saint Thomas, tout mouvement d'amour procède d'une
perception qui précède donc l'union:
- L'auteur distingue l'amour de convoitise dans lequel ce
qui est convoité, je le considère pour ma propre perfection et
l'amour d'amitié.
L'amour d'amitié est celui dans lequel je veux à l'aimé un
bien que je voudrais à moi-même puisque je le considère comme
un autre moi-même.
L'amitié est unifiante dans la mesure où les deux amis se
joignent dans l'union affective. Il s'agit d'un sentiment de
"mutuelle inhérence."
- Lecture: Saint Thomas, Somme théologique, seconde partie, I,
Quest.28, Art. 1 et 2.
Par l'amour d'amitié, l'Ami est dans son Ami, en ce qu'il
fait siens les biens et les maux et la volonté même de son
Ami. Aussi est-ce le propre des amis de vouloir les mêmes
choses, de souffrir et de jouir des mêmes choses. De cette manière,
c'est à dire en tant qu'il regarde comme sien tout ce qui
concerne son Ami, l'Ami semble être dans son Ami et
s'identifier avec lui. Inversement, l'ami est dans l'Aimant, en
ce que celui-ci veut et agit en vue de son Ami qu'il tient comme
un autre lui-même." |