"Ainsi,
l'homme qui s'atteint directement par le cogito découvre
aussi tous les autres, et il les découvre comme la condition de
son existence. Il se rend compte
qu'il ne peut rien être (au sens où on dit qu'on est spirituel,
ou qu'on est méchant, ou qu'on est jaloux) sauf si les autres le
reconnaissent comme tel. Pour obtenir une vérité quelconque sur
moi, il faut que je pense par l'autre. L'autre est indispensable
à mon existence, aussi bien d'ailleurs qu'à la connaissance que
j'ai de moi. Dans ces conditions, la découverte de mon intimité
me découvre en même temps l'autre, comme une liberté posée en
face de moi. Ainsi, découvrons-nous
tout de suite un monde que nous appellerons l'intersubjectivité,
et c'est dans ce monde que l'homme décide ce qu'il est et ce que
sont les autres."
Sartre - intersubjectivité
=======================
= Une clé
de votre texte:
Sartre écrit dans l'Être et le Néant, page 290 :
"C'est au pour soi qu'il nous faut demander de livrer
le pour autrui."
Autrement
dit, il faut se tourner vers la conscience pour aller vers
autrui. C'est que l'acte de conscience nous jette hors de
nous: c'est un mouvement de l'existence qui nous révèle
l'existence d'autrui. |
= Lisons
le texte ensemble pour mieux comprendre cela.
s'atteint : est immédiatement
conscient de son existence, est présent à soi.
Directement
: sans intermédiaire, sans avoir besoin des sens.
le
cogito : le je pense transparent à lui même, certain de
son existence
découvre
: a conscience de l'existence de tous les autres hommes.
comme
: en tant que les autres sont...
condition
: ce dont dépend son existence. Le mouvement par lequel l'homme
est au monde selon un point de vue sur le monde. L'existence est
ce que je suis fondamentalement pour moi.
= Cela signifie
que le cogito de l'existence d'autrui se confond avec mon
propre cogito: c'est comme si le cogito me jetait hors de
moi sur autrui. C'est que toute conscience est acte de
transcendance vers une chose, conscience de quelque chose et
dans le même mouvement, présente à soi. Elle ne donne pas
de connaissance, rien sur l'essence de la chose, mais elle
est conscience indiscutable de l'existence d'autrui du pour
autrui.
Au plus profond de moi même je découvre autrui, son
existence comme condition de ma propre existence. |
il
se rend compte : il prend
conscience à la suite d'expériences concrètes (la honte par
exemple). Les expériences concrètes me révèlent l'existence de
l'autre, sa présence à soi de manière indubitable.
Autrui est pour nous en tant qu'il intéresse notre être.
L'homme
ne peut rien être : en effet, il ne sera spirituel,
méchant ou jaloux que si les autres admettent qu'il est tel, le
reconnaissent comme tel.
Vérité
quelconque : n'importe quelle connaissance ajustée à ce
que je suis réellement, à mon être.
Par
l'autre : grâce à l'autre, grâce, par exemple, à ce
qu'il me dit de moi.
indispensable
: sans lui je ne serais rien et je ne reconnaîtrais rien.
Dans
ces conditions : en conséquence...
La
découverte : l'accès à
mon
intimité : ce que j'ai en propre.
me
découvre : me fait accéder dans le même mouvement. C'est
donc au pour soi qu'il nous faut demander de livrer le pour
autrui.
comme
: en tant que...
liberté
: l'existence est liberté, décision.
posée
: dans un ici et un maintenant.
en
face de moi : un peu comme dans un miroir qui me renverrait
une image grâce à laquelle je me découvrirais.
découvrons-nous
: nous avons conscience d'un monde: celui que constitue la
relation réciproque des consciences,
certitude d'un monde partagé.
l'intersubjectivité
: c'est le domaine où l'existence est affectée du signe
avec. Relation de sujet à sujet.
décide
: librement, accompli un acte libre.
= Ainsi,
l'homme est un être qui implique l'être de l'autre en soi même.
= Lire Sartre,
condition humaine et intersubjectivité
Bonne
continuation
Joseph Llapasset
©
|