° Rubrique Aide aux dissertations > et aides réflexion: Philo corrige 1 

> Rubrique Aide-texte en réponse aux demandes sur nos forums
> Ressources Études de texte par auteur

Aides pour des textes données sur nos forums

Texte de Lavelle "Nous revendiquons la liberté d’opinion..."

Page 1 et page 2

Site Philagora, tous droits réservés

_______________________________________________________

"Nous revendiquons la liberté d’opinion. Ainsi chacun s’attache à l’opinion comme à l’expression la plus précieuse de son être individuel.
Mais il n’y a point d’opinion qui apporte à aucun homme une satisfaction sans mélange : car, en lui donnant le nom d’opinion, il reconnaît déjà sa faiblesse. Il se contente d’avouer qu’elle est la sienne, sans prétendre toujours qu’elle soit la meilleure. Et le choix qu’il en fait est un choix que l’apparence détermine. C’est précisément au moment où elle commence à être ébranlée qu’il s’attache à elle avec une sorte de désespoir. C’est alors qu’il a recours à ce suprême argument : « du moins est-elle mienne », offrant d’engager toute sa personne pour la défendre, au moment même où il la sent chanceler.
Il suffit, dit-on, que l’on reconnaisse à toutes les opinions une valeur égale. Mais cela est impossible, et contraire à la raison, puisqu’à ce compte elles se détruisent toutes. Dire que toutes les opinions ont une valeur égale, c’est dire qu’elles n’en ont aucune, c’est -à-dire qu’elles sont en effet des opinions, qu’elles ne contiennent aucune vision claire de la vérité, qu’elles expriment seulement des préférences du désir ou des vraisemblances de l’imagination.[…]
L’opinion lutte pour triompher comme l’individu. Qui relève la valeur de l’un relève aussi l’autre. Elle traduit toutes les fluctuations du caractère et de la vanité, qui s’apaisent dès que nous réussissons à atteindre la connaissance et à la posséder. Au lieu de comparer son opinion à celle d’autrui, le sage qui connaît leur origine retire à la sienne la force que lui donnait l’amour -propre, et refuse de la suivre dans le combat.
Aussi n’est-ce pas l’opinion d’autrui qu’il faut mépriser, c’est d’abord la Nôtre."


Louis Lavelle.
L'erreur de Narcisse
=======================

=  Lisons le texte ensemble: (suite)

- Tout d'abord:

il n'y a point: aucune opinion ne procure une satisfaction complète, sans autre chose. En effet, n'étant pas justifiée, l'opinion n'est pas une connaissance: elle est toujours menacée.

mais:

 le nom d'opinion: en effet l'opinion, parce qu'elle n'est pas justifiée consiste à affirmer ce qu'on ne sait pas: ce n'est qu'une apparence de vérité et c'est là sa faiblesse. Le simple fait de donner le nom d'opinion à une affirmation la dévalorise.

avouer: comme on avoue une faute, quelque chose de regrettable, on préfère opiner que penser.

la sienne: que c'est lui qui opine, qu'il est à l'origine de l'opinion qu'il s'engage en même temps qu'elle.

prétend: affirme à tort.

la meilleure: par rapport aux diverses opinions: il les place toutes, la sienne comprise, sur un pied d'égalité du point de vue de la valeur. Il ne prétend pas, parce qu'il est incapable de l'établir par des raisons ou par des expériences.

le choix: on choisit de croire, c'est une décision de la volonté: l'opinion affirme ce qu'elle affirme.

l'apparence: il s'agit du visible et non pas de l'intelligible: ainsi les prisonniers de la caverne (Platon, République début du Livre VII) affirment que les ombres défilant sur la parois sont la réalité.

détermine: l'apparence est la source de l'opinion. Elle détermine le contenu de l'opinion: par exemple, le marbre est froid.

être ébranlée: au moment où l'opinion vacille sous les assauts du doute et de l'intelligence, c'est à ce moment  que l'on se raccroche à ses opinions comme si nous allions subir une grave perte à la suite de leur disparition. On se raccroche à ses opinions comme si on se raccrochait à soi.

désespoir: on a perdu l'espoir de pouvoir les soutenir longtemps contre les assauts du doute.

c'est alors: c'est à ce moment de désespoir que celui qui opine invoque un dernier argument: "c'est la mienne." Il la rattache à lui ce qui est une manière de venir à son secours, de témoigner pour elle.

au moment même: alors que dans le même moment il la voit chanceler c'est à dire pencher d'un côté et de l'autre comme si elle allait tomber, au fur et à mesure qu'on commence à découvrir qu'elle n'a pas de fondement autre que les apparences et le désir.

- Ensuite:

dit-on: il y a bien un autre argument par lequel la foule (dit-on) se rassure: tout le monde le fait, d'affirmer plus que ce qu'il sait.

valeur égale: on croit s'en tirer : si toutes les opinions ont une valeur égale, sa propre opinion a de la valeur. Bien plus si toutes se valent, il n'y a de raison d'en changer. Pourquoi pas la mienne?

mais: introduit un raisonnement de l'auteur qui utilise la raison.

cela est impossible: parce que d'abord il y a l'opinion droite, exacte, sans qu'on sache pourquoi elle est exacte. Ensuite parce qu'elles sont différentes.

contraire à la raison: on ne peut pas dire qu'elles ont toutes la même valeur parce que ce serait détruire la notion même de valeur. A partir du moment où il y a des valeurs, il y a une hiérarchie.

opinions: l'opinion par essence ne peut atteindre la vérité puisqu'en s'affirmant comme vraie, elle interdit la recherche: pourquoi chercher ce que l'on sait? 
En fait l'opinion n'est que la transformation des désirs en connaissances: ça me va bien donc c'est vrai.

vraisemblances: des apparences de vérité.

l'opinion lutte: l'individu s'étant identifié à son opinion, la lutte de l'opinion devient la sienne. Si la valeur de l'opinion est reconnue, sa valeur est aussi reconnue. L'opinion est fonction du caractère et de la vanité.

atteindre la connaissance: l'opinion disparaît dès qu'on n'a plus besoin d'elle pour paraître, dès qu'on a atteint la connaissance qui permet d'affirmer et de justifier ce qu'on affirme.

=> Enfin, Lavelle propose une morale. Il ne s'agit pas de dévaloriser les opinions d'autrui, cette tâche lui revient. Le sage, celui qui sait et agit en fonction de ce qu'il sait, s'attachera à prendre de la distance par rapport à son opinion: ainsi la force de l'opinion disparaîtra avec l'amour propre qui cherche à paraître. Il refusera de s'identifier à elle dans le combat des fanatismes. Son devoir sera d'abord de mépriser sa propre opinion.

Comme Narcisse qui était amoureux de sa propre image, de ses désirs, le sage devra se détourner du même amour de soi que figure l'opinion.

Bonne continuation

Joseph Llapasset ©

Page 1 et page 2

° Rubrique Aide aux dissertations > et aides réflexion: Philo corrige 1 

> Rubrique Aide-texte en réponse aux demandes sur nos forums
> Ressources Études de texte par auteur

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express