"Il est
assez curieux qu'en parlant du devoir on pense à quelque chose d'extérieur,
bien que le mot lui-même indique qu'il s'applique à quelque
chose d'intérieur; car ce qui m'incombe, non pas comme à un
individu accidentel, mais d'après ma vraie nature, est bien le
rapport le plus intime avec moi-même. Le devoir n'est pas une
consigne, mais quelque chose qui incombe. Si un individu regarde
ainsi le devoir, cela prouve qu'il s'est orienté en lui même.
Alors le devoir ne se démembrera pas pour lui en une quantité de
dispositions particulières, ce qui indique toujours qu'il ne se
trouve qu'en un rapport extérieur avec lui. Il s'est revêtu du
devoir, qui est pour lui l'expression de sa nature la plus intime.
Ainsi orienté en lui même, il a approfondi l'éthique; il ne
sera pas essoufflé en faisant son possible pour remplir ses
devoirs. L'individu vraiment éthique éprouve par conséquent de
la tranquillité et de l'assurance, parce qu'il n'a pas le devoir
hors de lui, mais en lui. Plus un homme a fondé profondément sa
vie sur l'éthique, moins il sentira le besoin de parler
constamment du devoir, de s'inquiéter pour savoir si il le
remplit, de consulter à chaque instant les autres pour le connaître
enfin."
Kierkegaard.
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= Lisons
le texte ensemble: (suite)
prouve: cela
établit de manière incontestable, cela implique que.
orienté:
l'individu s'est alors tourné vers son intériorité, il a
trouvé sa route en lui même en ne reliant plus le devoir à
quelque choses d'extérieur. Il découvre qu'il ne s'agit plus du
devoir, mais de son devoir donc il a la responsabilité.
alors:
en conséquence de cela.
démembré:
l'individu n'est plus déchiré, découpé en parties, morcelé
par la multitude des consignes et des conseils qu'on lui donne de
l'extérieur. Comprenons qu'il est unifié, parce qu'il s'est
revêtu du devoir, il coïncide alors avec ce qu'il est
profondément: une existence libre.
pour
lui: par cela même qu'il
s'est orienté en lui même, le devoir devient ce qu'il y a de
meilleur en lui, sa caractéristique essentielle, ce qui exprime
le mieux sa nature.
dispositions
particulières: je dois faire
cela, je dois faire ceci: autant de contenus particuliers qui le
disperse.
Le devoir n'est plus qu'un acte qu'il accomplit lui même et par
lequel il fait apparaître le meilleur de lui même.
rapport
extérieur: au stade éthique, l'individu ne se considère
plus comme un objet sur lequel porte des consignes extérieures.
revêtu:
très belle expression. Il en a fait, du devoir, ce qui le couvre,
ce qui le représente, ce qui le protège des inquiétudes,ce qui
l'habite aussi au plus profond de lui même.
l'expression:
ce qui manifeste quelque chose d'essentiel que les yeux ne voient
pas.
sa
nature: la nature de
l'existence c'est la liberté.
approfondi:
intériorisé.
l'éthique:
l'expression morale dans la durée puisqu'il a revêtu le
devoir.
=>
Kierkegaard évoque maintenant l'ancien stade, le stade
esthétique où l'on courait, où l'on était essoufflé: en
courant d'une consigne extérieure à l'autre, en cherchant
partout où était écrit les devoirs, en ignorant qu'il incombait
à l'homme intérieur.
Faisant son possible, comme il y a une multitude de devoirs, il
n'arrête pas de courir après: il confond les devoirs et le
devoir, le sien ...
vraiment
éthique: au stade de la
moralité, lorsqu'il a revêtu le devoir dans la durée.
tranquillité:
il n'a plus d'inquiétudes
assurance:
certitude de pouvoir accomplir son devoir parce que cela ne
dépend que de lui.
en
lui: en s'obligeant. Il n'a
plus à consulter les autres à chaque instant.
s'inquiéter:
se mettre en peine, se préoccuper ...
consulter:
demander ce que l'on doit faire
=> Pas de
troubles pour l'individu libre qui, en s'orientant en lui même, a
trouvé sa liberté.
Bonne
continuation
Joseph Llapasset
©
page
1 et page 2
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