" Comme expérimentateur,
j'évite donc les
systèmes philosophiques, mais je ne saurais pour cela
repousser cet esprit philosophique
qui sans être nulle part, est partout, et qui, sans appartenir à
aucun système, doit régner non
seulement sur toutes les sciences, mais sur toutes les
connaissances humaines. C'est ce qui fait que, tout en
fuyant les systèmes philosophiques, j'aime beaucoup
les philosophes et je me plais infiniment dans leur commerce.
En effet, au point de vue scientifique,
la philosophie représente l'aspiration éternelle de la raison
humaine vers la connaissance de l'inconnu. Dès lors, les
philosophesse tiennent toujours dans les questions en controverse
et dans les régions élevées, limites supérieures des sciences.
Par là, ils
communiquent à la pensée scientifique un mouvement qui la
vivifie et l'ennoblit ; ils fortifient l'esprit en le développant,
par une gymnastique intellectuelle générale, en même temps
qu'ils le reportent sans cesse vers la solution inépuisable des
grands problèmes ; ils entretiennent ainsi une
soif de l'inconnu et le feu sacré de
la recherche qui ne doivent jamais s'éteindre chez un
savant."
Texte de
Claude Bernard
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= Voici pour
mieux comprendre le texte, sans pour cela répondre aux deux
questions qui vous sont posées... L'expérimentateur c'est celui
qui cherche à comparer une théorie avec une observation réelle
mesurable obtenue en laboratoire par une expérimentation. De la
théorie, ce qui est hypothèse, idée que l'on a , il déduit une
prévision, ce que l'on devrait observer si l'hypothèse était
" vraie"= une observation "théorique", c'est
à dire purement mentale ,.L'expérimentation permet de comparer
l'observation réelle mesurable et la prévision, l'observation théorique.
Il faut
comprendre que l'expérimentateur est toujours prêt à modifier
la théorie si le réel résiste, ne présente pas ce que l'on prévoyait.
La théorie n'est qu'instrument, l'ambiance de la science c'est le
provisoire.
Le chercheur a
soif de l'inconnu, il recherche toujours.. .pour lui la vérité a
une histoire, le fait scientifique est toujours à refaire, l'échec
d'une expérimentation est toujours une précieuse occasion de
rebondir... ..L'expérimentateur doit faire preuve de rigueur:
Question: Cela vous étonne-t-il que l'expérimentateur refuse de
s'enfermer dans un système, l'évite, les fuie?Aux yeux de C.
Bernard un système philosophique est une pensée cohérente, un
ensemble d'idées philosophiques liées entre elles, ensemble qui
se déclare définitif ( système de Hegel). Pour l'auteur si la vérité
a une histoire, si le fait scientifique est ce que la science en
se faisant, alors l'ambiance de la recherche est le provisoire: un
système définitif tuerait l'esprit de recherche.
L'esprit c'est le
vent, l'air que rien n'arrête... le doute: Je sais que je ne sais
rien répète Socrate.. L'esprit est ouverture, rien ne le fixe
.En quoi l'expérimentateur se retrouve-t-il dans l'esprit
philosophique qui sauve la philosophie de l'emprise de système
fermé sur soi?
Bonne continuation
Joseph Llapasset
©
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