"Qu'arrive-t-il
quand une de nos actions cesse d'être spontanée pour devenir
automatique? la conscience s'en retire. Dans l'apprentissage d'un
exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de
chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu'il vient de
nous, parce qu'il résulte d'une décision et implique un choix;
puis a mesure que ces mouvements s'enchaîne davantage entre eux
et se déterminent plus mécaniquement les uns les autres, nous
dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que
nous en avons diminue et disparaît. Quels sont, d'autre part, les
moments ou notre conscience atteint le plus de vivacité? Ne
sont-ce pas les moments de crise intérieure où nous hésitons
entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que
notre avenir sera ce que nous l'auront fait? les variations
d'intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre
à la somme plus ou moins considérable de choix, ou si vous
voulez, de création, que nous distribuons sur notre conduite.
Tout porte à croire qu'il en est ainsi de la conscience en général.
Si conscience signifie mémoire et anticipation, c'est que
conscience est synonyme de choix."
Bergson.
=======================
= Nous
savons tous qu'il nous est possible d'accomplir une action
habituelle sans même nous en apercevoir, comme si notre
conscience s'en était retirée.
Celui qui apprend à conduire commence par être conscient de
chacun de ses mouvements: il les enchaîne avec beaucoup de
maladresse au point que la première heure de conduite
l'épuise. Puis le machinal, l'enchaînement mécanique
finit par l'emporter et on en arrive à se retrouver sur son
lieu de travail sans trop savoir par quel mouvement et par
quels gestes on y est parvenu.
Au
contraire, si on nous pose un grand nombre de question dans
un concours, nous voilà devenus intensément conscient de
ce que nous disons et de ce que nous faisons. Il y a devant
nous une somme considérable de choix à effectuer. Notre
avenir en dépend. Notre conscience est pour ainsi dire
sommée de choisir et cela la rend très vivace!
|
= Lisons
le texte ensemble:
qu'arrive-t-il: que
se passe-t-il de nouveau?
cesse:
s'arrête, ne continue pas.
être
spontanée: ce que l'on fait
soi même, qu'il s'agisse de notre conscience ou de notre
volonté.
automatique:
elle s'accomplit sans l'intervention de la volonté. Elle devient
une habitude.
la
conscience: ce avec quoi l'on
sait et on sait que l'on sait: ce qui fait apparaître.
s'en:
de l'action devenue automatique.
retirée:
a quitté l'action, en est pour ainsi dire sortie: l'action
automatique n'exige plus un choix et la présence de la
conscience.
l'apprentissage:
le temps pour apprendre un exercice
exercice:
la mise en mouvement d'une activité réglée, par exemple pour
acquérir une maîtrise de la conduite automobile.
être
conscient: en avoir conscience de manière immédiate: elle
nous apparaît.
chacun:
un par un
vient
de nous: a pour origine la conscience et la volonté.
résulte:
est le produit, le résultat
d'une
décision: action de prendre un parti, d'adopter une
conduite définitive à la suite d'une délibération et d'un
choix. Pour choisir il faut avoir le choix, il faut avoir
conscience.
implique:
comporte de façon implicite qu'il y a eu le choix et qu'un choix
a été fait.
s'enchaîne:
prenne la forme d'une mécanique: s'attachent entre eux et se
déterminent selon un lien de cause à effet.
dispensant:
nous décharge de toute intervention, de toute décision et du
soin de choisir: le choix est fait dans ce qui devient habituel,
c'est le problème des mauvaises habitudes.
diminue:
progressivement, au fur et à mesure qu'ils se déterminent plus
mécaniquement.
disparaît:
n'apparaît plus et n'intervient plus: le mouvement devient
inconscient, machinal
=> Bergson
va passer à l'autre extrémité de la conscience
Page suivante : page
2
Joseph Llapasset
©
|